Santé

Cancer de la prostate : la découverte de bactéries pourrait révolutionner le traitement

Cela pourrait être une avancée majeure dans le traitement du cancer de la prostate. Des scientifiques ont annoncé avoir identifié des bactéries qui pourraient être liées au cancer de la prostate. « Ces travaux ouvrent une porte d’étude pour les cancers les plus agressifs » selon le Pr Michaël Peyromaure, urologue à l’hôpital Cochin à Paris.

C’est potentiellement une révolution dans le traitement et la prévention du cancer agressif de la prostate. Des chercheurs de l’Université d’East Anglia, à Norwich en Angleterre, ont effectué des analyses génétiques sur l’urine et le tissu prostatique de plus de 600 hommes, atteints ou non de cancer de la prostate.

Le cancer de la prostate, responsable de milliers de morts chaque année

Le cancer de la prostate est l’un des cancers masculins les plus courants. Il touche chaque année près de 1,5 millions d’hommes chaque année dans le monde. Aussi, trouver une manière de prévenir ou de traiter la maladie de manière simple et efficace permettrait de sauver des milliers de vies.

Cinq espèces de bactéries liées à la progression de la maladie

Grâce à leurs travaux, les chercheurs ont identifié cinq bactéries – dont trois nouvelles pour la science – qui sont en lien avec l’accélération de la maladie. Leurs conclusions démontrent aussi que les hommes qui avaient une ou plusieurs des espèces dans leur urine, leur prostate ou leur tissu tumoral étaient 2,6 fois plus susceptibles de voir leur cancer à un stade précoce évoluer vers une maladie avancée que les hommes qui n’en avaient pas.

Pas de lien direct établi

Malheureusement, l’étude ne prouve pas que les bactéries entraînent ou exacerbent le cancer de la prostate. D’autres travaux sont en cours et les scientifiques espèrent pouvoir, à l’issue de ceux-ci, développer des tests pour identifier les hommes les plus à risque et potentiellement trouver des antibiotiques.

Des travaux supplémentaires sont nécessaires

Mais ce n’est encore possible qu’en théorie. En effet, comme l’explique Colin Cooper, professeur de génétique à l’université d’East Anglia, « si on savait avec certitude qu’une espèce de bactérie causait le cancer de la prostate, on pourrait trouver un antibiotique pour l’éliminer et cela empêcherait la progression, on l’espère… Mais ce n’est pas aussi simple qu’il y paraît. Il y a beaucoup de complications. Les antibiotiques ne pénètrent pas très bien dans la prostate et on aurait besoin de choisir un antibiotique qui ne tue que certaines bactéries ».

Un travail scientifique difficile à mettre en place en routine actuellement

Interrogé sur cette étude, le Pr Michaël Peyromaure, urologue à l’hôpital Cochin, à Paris, rappelle tout d’abord que ce travail est issu « de la recherche fondamentale ». « Il ne s’agit pas d’une étude clinique. Il me semble difficile de mettre ce type d’analyses en place en routine clinique actuellement. Mais peut-être dans 20 ans pourquoi pas ? » .

Le spécialiste rappelle que dans 85 % des cas, le cancer de la prostate est diagnostiqué à un stade précoce et reste pris en charge avec de très bons résultats. « Cependant, ces chercheurs ont mené un travail prometteur qui ouvre la voie à la recherche de traitements dans les cas les plus graves de cancers de la prostate, qui représentent environ 15 % des cas » conclut l’expert.

Sources

  • Entretien avec le Pr Peyromaure, le 21 avril 2022
  • Microbiomes of Urine and the Prostate Are Linked to Human Prostate Cancer Risk Groups – Rachel Hurst et al. – European Urology Oncoloy Published:April 18, 2022 – https://doi.org/10.1016/j.euo.2022.03.006

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